Le divorce était compliqué mais il est officiel … Il était temps! Près de 4 ans après le référendum du 23 juin 2016, de nombreux débats politiques, manifestations contre le Brexit, demandes d’un second référendum et trois dates d’échéance reportées en 2019, le Royaume-Uni a finalement quitté l’Union européenne (UE) le 31 janvier 2020 après 47 ans d’adhésion Ayant été le sujet d’actualité marquant de l’année 2019, le Brexit en janvier était sans aucun doute un soulagement pour le côté britannique et le côté européen même si l’UE perdait un Etat-membre.
Les Britanniques, qui avaient voté en faveur de la sortie de l’UE (52% au référendum), voulaient la quitter pour cinq raisons. Ils voulaient reprendre le contrôle de leurs frontières et de l’immigration, restaurer leur souveraineté nationale (le Parlement de Westminster doit être tout-puissant), s’affranchir des règles économiques de Bruxelles (et économiser les 11 milliards de livres de leur contribution nette au budget européen), commercer librement avec le monde et, selon eux, quitter “un navire qui prend l’eau” (une image donnée à la zone euro en crise et à l’échec du projet européen).
A mon avis, durant la période de 2016 à 2020, les Européens se sont montrés très patients et conciliants pour trouver un accord avec le Royaume-Uni qui permettrait un Brexit doux plutôt que dur. Ils ont d’abord discuté et négocié avec le Premier ministre Theresa May, qui ne pouvait pas obtenir de majorité pour sa proposition dans la Chambre des communes. La question la plus épineuse était celle d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande qui fait toujours partie de l’UE. La discussion d’un territoire douanier unique UE-Royaume-Uni était compliquée et elle tournait en rond.
Les Européens ont ensuite discuté et négocié avec le Premier ministre Boris Johnson, qui a en grande partie gardé la proposition de Theresa May mais qui a totalement revisé le protocole sur l’Irlande du Nord. En octobre 2019, il a accepté d’avoir des contrôles douaniers aux points d’entrée en Irlande du Nord – un compromis qui permettait d’éviter des contrôles à la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. C’était une percée positive! Après la victoire des conservateurs aux élections anticipées du 12 décembre 2019, l’accord du Brexit Boris Johnson-UE a été approuvé par le Parlement britannique et il est devenu loi en janvier 2020.
Aujourd’hui, la discussion entre le Royaume-Uni et l’Union européenne n’est plus à propos des conditions de leur divorce. Elle tourne plutôt autour de négociations en vue d’un accord sur leur relation commerciale – les Britanniques voulant nouer un accord de libre-échange avec l’UE. On est donc dans une période de transition (de février à décembre 2020). Il leur faudra également discuter de nombreux points de désaccord comme la justice et le mandat d’arrêt européen, l’accès pour les pêcheurs européens aux eaux britanniques, l’application de la Convention européenne des droits de l’Homme et les questions de défense et de politique étrangère.
En conclusion, j’espère que le gouvernement britannique réussira à élaborer une politique de justice sociale et de démocratie pour sa population déstabilisée par les incertitudes du Brexit. Le Royaume-Uni semble très divisé avec, d’un côté, les grandes villes anglaises et l’Ecosse et, de l’autre, les villes pauvres d’Angleterre et du Pays de Galles. Je crois que la vision radieuse des eurosceptiques, selon laquelle l’économie britannique prospérerait sans l’UE, reste à prouver.